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UNE SI LONGUE HISTOIRE ENTRE
TLEMCEN ET L’ANDALOUSIE
Mohammed BAGHLI
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Près de Huit siècles d’Histoire commune à Tlemcen et à l’Andalousie attendent que des sentiers d’échanges et de rencontres soient établis pour préparer un troisième millénaire de compréhension, de paix, de fraternité et de synthèse des civilisations de notre Occident.
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Ces sentiers d’échanges et de rencontres définiront les mille et un projets potentiels pour faire épanouir les générations futures dans les richesses communes de leur patrimoine.
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C’est de Tlemcen qu’est parti en 710-711 de l’ère chrétienne soit l’An 92 de l’Hégire, TARIK IBN ZIYAD, pour Tanger d’abord et de là, pour l’épopée de l’Andalousie. Pourquoi toutes les littératures nous escamotent le point de départ où séjournait Tarik Ibn Zyad et qu’en est-il de tous les éléments de sa tribu de Walhasa qui l’accompagnèrent dans ce périple?
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C’est aussi à Tlemcen que finit ses jours un des derniers rois de Grenade, l’oncle du Boabdil, et ce, un 6 Mai de l’An 1494 de l’ère chrétienne. Nous savons que son épitaphe a fait l’objet d’un transfert à l’exposition universelle de Paris.. Mais le Musée de Tlemcen n’a jamais récupéré cette pierre tombale, ni il ne s’en est inquiété de toutes ces pièces qui sont confiées à des expositions et qui ne reviennent jamais.
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Mais c’est en Castille que se sont réfugiés les descendants du dernier Roi des Beni-Zyane de Tlemcen, et ce à partir de 1550 de l’ère chrétienne. Que sont-ils devenus maintenant.? N’ont-ils pas une fibre qui les rappellerait à investir et refaire prospérer leur lieu d’origine?
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Tlemcen et Cordoue avaient déjà élevé leurs relations à un haut niveau d’intégration au X° Siècle et ce lorsque des relations étroites liaient Tlemcen à Cordoue dans tous les domaines.
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C’est le même enseignement qui a donné le sens de l’harmonie universelle aux ingénieurs qui ont sculpté le Mihrab de la Grande Mosquée de Cordoue et le Mihrab de la Grande Mosquée de Tlemcen .
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Le 13 Novembre 1197 correspond au début de l’An 594 de l’Hégire qui vit la fin transcendantale près de Tlemcen, à Aïn-Takbalet, d’un des plus illustres intellectuels de l’Occident Musulman, Abou-Madyan Chou’aïb.
Né à Cantillana, près de Séville entre 1120 et 1130, Abou-Madyan Chou’aïb représente un des symboles de fusion des horizons de la Science et de la Spiritualité entre Séville, Bougie et Tlemcen et reste dans l’actualité des travaux en cours le Maître Spirituel incontesté de Mahieddine Ibn ‘Arabi, cet autre Andalou de Murcie qui a profondément inspiré notre Emir ‘Abd Al-Qâdir à travers son oeuvre « Les Mawâqifs »
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La randonnée de Aïn-Taqbâlet vers El-Eubbâd du mois de novembre pour revivre les moments de la grâce « qot’biya » reçue par Abou Madyan Chou’aïb trois heures avant sa mort et la procession de ses élèves vers le lieu du dernier repos reste pour le troisième millénaire l’attraction spirituelle la plus attendue.
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Séville a aussi donné à Tlemcen, un de ses plus illustres cadis, Abou ‘Abdellah Ach-Choûdzi, connu sous le nom de Sidi Al-Halwî et dont la Mosquée reste à Tlemcen une des plus belles parures du Maghreb et où la légende et la réalité se confondent encore de nos jours en ces lieux sur les circonstances de sa mort, si on prend la peine de soulever la tenture qui drape le fond du Mihrab !.
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Grenade n’oubliera jamais cette nuit du Mouloud, un 8 Janvier de l’An 1361, où Ibn-Merzouk El-Khatib de Tlemcen anima une soirée mémorable de rêve et de spiritualité dans le nouveau Palais de la Ville. Nuit que Tlemcen voudrait ressusciter pour toutes les nuits des 12 Rabi’ I de l’ère hégirienne pour perpétuer la célébration de la nuit du Mouloud à Tlemcen et à Grenade!
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Grenade n’oubliera jamais aussi, ce fonctionnaire-poète, le poète du XIII° Siècle, IBN-KHAMIS ET-TILIMCANI, exilé de Tlemcen et protégé à la cour de Grenade jusqu’à la mort de son protecteur. Il mourut un 14 mars 1309 au petit matin de l’Aïd El-Fitr avec son protecteur d’alors, le Roi de Grenade.
Les poèmes d’Ibn Khamis sont restés légendaires dans la mémoire collective de tous les intellectuels de l’Occident Musulman.
Ses poèmes sur Tlemcen, restent d’une actualité pour soutenir la conscience des enfants d’une cité continuellement harcelée et enviée.
Tlemcen n’oubliera jamais aussi d’associer les noms des villes d’Espagne comme : Avila, au prestigieux Al-Abeuli, maître à penser d’Ibn-Khaldoun, d’Ibn-Merzouk et de bien d’autres ;
ou Lokban, à la descendance spirituelle des LOKBANI, parmi lesquels se distingua l’un d’eux dans les techniques de Hisba et de l’organisation du Commerce dans la Cité ;
ou Shativa, ville réputée pour la production de qualité de la pâte à papier, pour la fabrication des parchemins et des feuillets de manuscrits, dont Tlemcen était un grand consommateur ; ni Denia ; ni Badajoz ; ni Cadix ; ni Malaga ; ni toutes ces villes d’Andalousie qui ont envoyé leurs élèves et maîtres dispenser leurs sciences à Tlemcen et compléter leur enseignement auprès des Savants de Tlemcen.
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Tlemcen a accueilli au XV° siècle, après la bourrasque provoquée par les effets de la « reconquista » en 1391, un jeune couple qui s’est émerveillé devant la source de « qbaça » et qui a obtenu le privilège d’installer sa communauté tout près du Méchouar et d’ouvrir des écoles pour les nombreux savants fuyant Tolède, Barcelone ou Tartosa.
Il s’agissait du Rabbi Ephraïm Eln-Kaoua dont la tombe devint par la suite un des lieux les plus visités par la communauté juive, venant de tous les coins du monde un mois après Pâques autour de la date du 18 Mai de chaque année.
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Tlemcen a su garder pour l’Andalousie du Troisième Millénaire une part de son Art Culinaire, de sa Musique profonde, de son Art de vivre, de ses bijoux, de ses habits, de ses traditions sociales, de son raffinement…
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A quand la reprise d’activité des ports de Ghazaouet, de Honaïne, pour tracer des circuits culturels et commerciaux entre ces deux espaces méditerranéens de paix et de culture ?
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